10h00 – Promenade commentée
La promenade commentée proposée par Tom Vierhout est en quelque sorte l’événement central du festival Le Bruit de la Musique pour qui écouter les musiques contemporaines c’est renouveler son écoute et se rappeler qu’en forêt l’oreille est toujours surprise…
15h00 – Geneviève Foccroulle (France)
[ Eglise de Domeyrot ]

© Olivier Vary
Geneviève Foccroulle est une pianiste passionnante et passionnée par des musiques rares et propose des parcours d’écoute contrastés et cohérents. Du son au discours, du touché aux phénomènes acoustiques, les pièces de ses programmes sont liées par un ou plusieurs de leurs aspects intrinsèques, de leur capacité à nous faire vivre des expériences riches et variées qui touchent aussi bien le corps que l’esprit.
Mon travail autour des Variations Goldberg était entr’autre un projet de recherche sur les timbres et les espaces dans lequel le piano est sans cesse modelé, sculpté, sans jamais transformer le texte (notice : début, commencer avec le piano fermé, l’étouffer comme s’il était dans une boîte, puis au contraire l’ouvrir, le libérer, dessiner des plans sonores, partir à la recherche d’un clavier imaginaire…), mais également un projet ouvert à des expérimentations rendues possible par la confrontation de mondes différents, des ‘face à face’ avec d’autres musiques, d’autres musiciens, d’autres disciplines.
Pour ce concert, je propose de jouer en première partie des pièces d’un manuscrit du 15è siècle en alternance avec des pièces courtes récentes de deux compositeurs allemands, Hauke Harder et Ernstalbrecht Stiebler. En seconde partie ‘Palais de Mari’ de Morton Feldman, sa dernière pièce pour piano. C’est à chaque fois beaucoup d’émotion et de plaisir que de jouer cette oeuvre.
Le Codex Faenza est un manuscrit trouvé en Italie fin du 15è siècle, il est le premier manuscrit dans lequel on retrouve des œuvres écrites pour clavier. En le mettant côte à côte avec des œuvres d’aujourd’hui, on peut regarder comment elles se parlent entre elles, comment elles nous parlent, comment elles se reflètent, se nourrissent ou se rejettent… Loin d’une approche historique qui n’a pas sa place ici, il me paraît intéressant d’observer les liens qui se créent entre les sons, les phrasés, les matières sonores, leurs silences, la manière dont on attrape un son, ou dont on le dépose…
En quoi mon jeu va-t-il changer. Va-t-il changer lorsque je joue des pièces du 15è siècle face à Ernstalbrecht Stiebler ou Hauke Harder ? Leur univers à chacun est très précis, chez Hauke Harder, l’intervalle entre deux sons joués simultanément déclenche une multitude d’harmoniques, Hauke écrit souvent pour des instruments accordés sur l’échelle des harmoniques naturelles, la « just intonation »… Pour Ernstalbrecht Stiebler, « l’auditeur doit créer son propre chemin d’écoute, de cette manière il peut devenir une partie de la musique… »
Programme:
Codex Faenza Aspire refus, No 17, le Ior (15è)
Ernstalbrecht Stiebler Für Boudewijn Buckinx (2014)
Hauke Harder Like Bells, Painted Bells (2004), Auf und Ab (2013), He was born in Belgium (2014)
Morton Feldman Palais de Mari (1986)
*Le Codex Faenza est le premier manuscrit trouvé en Italie au 15è siècle écrit en grande partie pour clavier>
17h30 – Accroche Note [II] (France)
Armand Angster, Françoise Kubler
[ Eglise de Toulx-Sainte-Croix ]
Deuxième concert de l’ensemble Accroche Note avec les deux musiciens qui en sont les fondateurs. Retour aux sources donc, aux sources d’une curiosité et d’un enthousiasme qui ne s’est pas démenti depuis 35 ans pour ces deux artistes. Curiosité et enthousiasme que l’on sait contagieux à leur contact, ambassadeurs inlassables de musiques surprenantes, vivantes et vivaces, prêtes à nous faire vivre de riches émotions contrastées. La musique contemporaine, musique difficile ? Fi !
Programme :
François-Bernard Mâche Kengir pour voix et sons fixés (1991) 20′
John Cage Fontana Mix (1958) pour soprano, clarinette et sons fixés 10’
Nicola Resanovic Alt.music.ballistix (1995) pour clarinette et sons fixés 12’
Philippe Manoury Illud Etiam (2013) pour soprano, clarinette et électronique 11’
Accroche Note Improvisations
Françoise Kubler soprano
Armand Angster clarinettes
21h00 – Pierre Meunier (France)
Au Milieu du Désordre
[ Chapiteau ]
Au milieu d’un cercle de gens, un homme prend tout son temps pour entasser des pierres. II pose la dernière, recule lentement sans quitter le tas des yeux. Dans l’assistance on chuchote, on soupire d’impatience, on pouffe, on espère une suite, on est quand même pas venu pour ces pauvres cailloux !… Inattendu et dense, le silence se fait. L’homme l’a fait naître. Face au tas, il l’observe, le corps traversé de mouvements, de questions ou de rougeurs qui semblent lui échapper.C’est le présent. Moment d’attraction pure.Tantôt grave, tantôt léger, un dialogue s’établit entre l’homme et la matière. Soudain au milieu d’une phrase, l’homme se met à bondir, à sauter de plus en plus haut, narguant la pesanteur de toute sa hauteur et vantant hors d’haleine les mérites du rebond. Le ressort l’inspire, avec sa manière têtue de résister à la chute. Si le bonheur d’après Kafka est d’oublier que l’on tombe, la jubilation de l’homme qui rebondit sous nos yeux nous convainc du contraire. La danse des ressorts, auxquels il suspend des pierres, le captive. Véritable musique pour l’œil, ce système pulsatoire asynchrone et spiralé stupéfie l’assistance par sa grâce énigmatique. En un doux va-et-vient, nous assistons à la réconciliation entre le haut et le bas. Oubliant le début, nous ne croyons plus à la fin tandis que l’immobile approche.Compagnon de légèreté aux spires d’acier bleu, pourquoi est-il si bref le temps de l’insouciance ?…Longtemps après tintera en nos oreilles la pureté carbonée du concerto de Schmirnov pour ressorts suspendus, que l’homme interprète au marteau de carrossier en guise de salut. Rêveur actif, Pierre Meunier tente d’entraîner le public sur le chemin qui mène au cœur caché des choses. Trimballant par monts et par vaux ses seaux de cailloux et sa malle de ressorts, il s’estimerait heureux s’il pouvait le temps d’une soirée réveiller la soif de cet élan dont le manque, organisé par notre propre indifférence, nous prive d’établir une relation intime et poétique avec le monde.
22h30 – Will Guthrie (Australie/France)
Solo de batterie
[ Chapiteau ]
Un solo du batteur Will Guthrie c’est toujours une expérience physique et une expérience mentale. En fait, la pensée musicale de ce musicien virtuose ne peut se séparer de l’extraordinaire présence qui la rend vivante. On assiste – mieux, on participe – à l’épuisement d’une idée, qui peu à peu, coup après coup, se développe et se déploie jusqu’à atteindre ses ultimes limites. Will Guthrie fait entendre tout le processus dans ses plus petits détails et ne prend aucun raccourci, ne cède à aucune facilité, nous faisant vivre la musique au travail, au coeur d’une discipline intacte et exigeante. Un moment fascinant.