5 mai 2013 - 16h00 @ chapelle de la providence - Guéret (France)
a bruit secret [concerts]
![a bruit secret [concerts] #24](images/events/106.jpg)
#24
Pierre Berthet, installations sonores
Pierre Berthet est un poète du son, un artiste qui est à l'écoute des objets, actualisant peut-être la leçon que le cinéaste Oskar Fischinger avait donnée au jeune John Cage indiquant que tout objet a une âme qui se révèle par les sons qu'il produit. Pierre Berthet monte des installations d'objets de toutes sortes, des réseaux de fil d'acier prolongés par de simple boîtes de conserve servant de haut-parleurs, détournant de leur usage courant des outils électro-ménagers, se servant de gouttes d'eau pour révéler une activité polyrythmique, bref assemblant tout un dispositif où le banal devient poésie et où l'étonnement s'associe à l'émerveillement. Un concert de Pierre Berthet est une invitation à l'écoute d'un réel ré-enchanté dans lequel chacun peut redécouvrir le charme parfois discret, parfois tonitruant mais toujours fascinant des objets de notre quotidien. Lê Quan Ninh
"Quand on croit entendre un son, il est rare que ce n'en soit qu'un. Quand on prend le temps de l'écouter, on se rend compte qu'il est formé d'une multitude de sons superposés plus ou moins mouvants. S'ajoutent à ceux-ci tous ceux qu'on entend plus ou moins sans s'en rendre compte mais dont la présence plus ou moins perçue donne au son les qualités qui le font reconnaître. En jouant avec les sons pour explorer les applications pratiques de ce principe, j'ai été amené à construire divers dispositifs pour surprendre et même tromper mes oreilles.
En les étonnant, diverses questions viennent à se poser : ce que j'écoute est-il bien là ou est-ce moi qui l'invente ? Pourquoi est-ce-que j'entends ce son maintenant et pas avant ? Est-ce-qu'il était là avant ? Et quand mon attention aura été attirée vers d'autres sons, sera-t-il encore là ? Puis-je y revenir de temps en temps ou bien a-t-il complètement disparu ? Ou bien suis-je tant captivé par les autres sons que je ne l'entends plus ? Est-ce-que je m'en souviens assez
pour le reconnaître ? Est-ce le son qui change ou la manière de l'écouter ? Ou les deux ? Où est la limite entre le monde extérieur et le monde intérieur, si il y en a une, et comment l'un nourrit-il l'autre ?
Il y a quelques années, j'ai étudié la percussion au conservatoire de Bruxelles avec André Van Belle et Georges-Elie Octors. Parallèlement, pendant deux ans,j'ai passé beaucoup de temps dans un clocher à jouer du carillon et à écouter les bruits de l'environnement. En outre,les chutes de gouttes d'eau sur divers matériaux m'ont toujours prodigieusement intéressé. En écoutant diverses musiques et en fréquentant au conservatoire de Liège les cours d'improvisation de Garrett List , les cours de composition de Frederic Rzewski et les cours d'Henri Pousseur, j'ai retrouvé la pente naturelle sur laquelle je glissais depuis mon plus jeune âge, consistant à frapper, frotter, secouer ou lancer des objets hétéroclites pour entendre les sons pouvant s'en échapper.
Puis je me suis progressivement orienté vers la prolongation d'objets ou d'instruments par des fils aboutissant à des bidons, probablement sous l'influence de musiciens, plasticiens et performeurs dont les travaux sur des fils plus ou moins longs m'ont impressionné : Jim Burton, Alvin Lucier, Terry Fox, Paul Panhuysen, Ellen Fullman...
J'ai également beaucoup appris en jouant régulièrement pendant une petite dizaine d'années dans le groupe d'Arnold Dreyblatt : "The orchestra of excited strings". De même qu'en duo avec Frédéric Le Junter."
Pierre Berthet
"Quand on croit entendre un son, il est rare que ce n'en soit qu'un. Quand on prend le temps de l'écouter, on se rend compte qu'il est formé d'une multitude de sons superposés plus ou moins mouvants. S'ajoutent à ceux-ci tous ceux qu'on entend plus ou moins sans s'en rendre compte mais dont la présence plus ou moins perçue donne au son les qualités qui le font reconnaître. En jouant avec les sons pour explorer les applications pratiques de ce principe, j'ai été amené à construire divers dispositifs pour surprendre et même tromper mes oreilles.
En les étonnant, diverses questions viennent à se poser : ce que j'écoute est-il bien là ou est-ce moi qui l'invente ? Pourquoi est-ce-que j'entends ce son maintenant et pas avant ? Est-ce-qu'il était là avant ? Et quand mon attention aura été attirée vers d'autres sons, sera-t-il encore là ? Puis-je y revenir de temps en temps ou bien a-t-il complètement disparu ? Ou bien suis-je tant captivé par les autres sons que je ne l'entends plus ? Est-ce-que je m'en souviens assez
pour le reconnaître ? Est-ce le son qui change ou la manière de l'écouter ? Ou les deux ? Où est la limite entre le monde extérieur et le monde intérieur, si il y en a une, et comment l'un nourrit-il l'autre ?
Il y a quelques années, j'ai étudié la percussion au conservatoire de Bruxelles avec André Van Belle et Georges-Elie Octors. Parallèlement, pendant deux ans,j'ai passé beaucoup de temps dans un clocher à jouer du carillon et à écouter les bruits de l'environnement. En outre,les chutes de gouttes d'eau sur divers matériaux m'ont toujours prodigieusement intéressé. En écoutant diverses musiques et en fréquentant au conservatoire de Liège les cours d'improvisation de Garrett List , les cours de composition de Frederic Rzewski et les cours d'Henri Pousseur, j'ai retrouvé la pente naturelle sur laquelle je glissais depuis mon plus jeune âge, consistant à frapper, frotter, secouer ou lancer des objets hétéroclites pour entendre les sons pouvant s'en échapper.
Puis je me suis progressivement orienté vers la prolongation d'objets ou d'instruments par des fils aboutissant à des bidons, probablement sous l'influence de musiciens, plasticiens et performeurs dont les travaux sur des fils plus ou moins longs m'ont impressionné : Jim Burton, Alvin Lucier, Terry Fox, Paul Panhuysen, Ellen Fullman...
J'ai également beaucoup appris en jouant régulièrement pendant une petite dizaine d'années dans le groupe d'Arnold Dreyblatt : "The orchestra of excited strings". De même qu'en duo avec Frédéric Le Junter."
Pierre Berthet
pierre berthet